Quittant Yohan de la Réserve de l'Amana au nord de la Guyane, nous longeons la côte atlantique que nous photographions systématiquement : escortés par des oiseaux, nous découvrons un Surinam entièrement vert, où la forêt vierge y est largement majoritaire et intacte, et dont la côte est en évolution permanente, à une vitesse bien plus importante que ce que l’on a vu ailleurs : des larges bandes de mangrove s’attachent puis se détachent, se laissant alors charrier par le courant qui vient du sud et remonte vers le nord, cette mangrove est parfois associée à des bancs de sable qui eux aussi « avancent » le long de la côte, et l’on aperçoit même des maisons qui semblent surgir de l’eau, comme des îlots détachés de la terre ferme à la suite d‘une intense érosion !
Arrivés à Paramaribo, la capitale du Surinam bordée par un fleuve, nous rencontrons enfin Monique, la commanditaire des 2 700 photos de la côte. Sur la route qui mène chez elle, nous découvrons une ville pleine d’histoire et de charme, avec des bâtiments en bois de l’époque coloniale espagnole, avec de grandes vérandas et des murs de pierre blanche. Et comme guide, une sacrée bonne femme ! Monique, une grande brune qui parle couramment français, anglais, hollandais et espagnol, nous apprend qu’elle a débuté en recueillant les animaux en danger, puis a finalement fondé sa propre ONG - Green Heritage Suriname Fund - vouée à les défendre et à défendre leur environnement.
Quand nous arrivons chez elle, nous prenons conscience qu’elle n’a en fait jamais arrêté de recueillir des animaux… en fait, elle vit dans ce qui s’apparente à un vrai refuge ! Passer aux toilettes et être observé par un paresseux à deux doigts, prendre son café devant un fourmilier, avoir une discussion avec Monique tout en se faisant escalader par un paresseux à trois doigts… c’est bien simple il y en a partout : près d’une centaine ! Et tous sont à croquer !
Elle nous explique que les citadins lui apportent les animaux qui se sont perdus en ville et sont blessés, et avec son équipe elle les recueille, les nourrit, les soigne jusqu’à ce qu’ils soient aptes à retourner à la vie sauvage, et alors seulement elle les transporte dans la foret. Un de ses projets en cours est d’ailleurs la construction d’un vaste centre en pleine forêt vierge, où les animaux seront plus proches de la nature.
Au delà de sa vocation de sauveteur d’animaux en danger, Monique publie aussi des études, destinées à alerter l’opinion et les pouvoirs publics afin que des actions soient prises en faveur de l’environnement. Nos photos géolocalisées de la côte serviront ainsi à suivre l’évolution des sites de ponte des tortues, qui se modifient considérablement en raison de l’érosion, et à contribuer aux études visant à encadrer les projets d’exploitation de sablière prévus sur les bancs de sable. Pour compléter cette étude, nous continuerons ce travail photographique lorsque nous quitterons Monique pour rejoindre le Guyana, en longeant la côte nord.
Une autre mission nous attend, mais afin de bien en comprendre les enjeux nous partons d’abord faire un tour en bateau ! L’eau autour de nous est très opaque et de couleur marron, en raison des sédiments charriés par le courant issus de l’amazone, qui sculpte si bien cette côte que nous avons survolée. Il faut donc être très attentif pour découvrir ce que nous cherchons…. Ca y est, un voilà un ! Un dauphin de guyane !
A la fin de la journée, la mission est bien comprise : il s’agit de trouver depuis le ciel des petits dauphins de Guyane, si difficiles à distinguer depuis le bateau. La raison ? Comprendre et mesurer l’évolution de cette population de dauphins sud-américains ainsi que leurs routes de migration, afin de s’assurer que les projets de forage pétrolier ne les affectent pas.
C’est parti ! Monique dans son bateau, nous dans l’ULM, tous connectés par radio marine, nous nous divisons la zone pour multiplier nos chances d’en trouver. Mais après quelques jours à nous acharner, il faut se rendre à l’évidence : depuis le ciel, les dauphins ne se distinguent pas mieux de l’eau boueuse que depuis le bateau… seuls les oiseaux sont toujours de la partie.
Bilan commun ulm-bateau : une dizaine de dauphins en quelques jours, que nous perdons de vue dès qu’ils plongent. La méthode n’est pas la bonne, dommage.
En repartant, Monique nous a concocté une surprise : elle nous offre un paresseux en peluche ! On l’adopte, et sommes heureux de vous présenter à partir d’aujourd’hui notre nouvelle mascotte !
Survol & photographie de la côte du Surinam, sculptée par les sédiments venus de l'Amazone:
Rencontre avec Monique, les membres de son ONG Green Heritage Fund Suriname et ses petits protégés :
Dans les airs, à la recherche des dauphins de Guyane :
Les oiseaux de toutes sortes et de toutes les couleurs nous accompagnent durant toute cette mission ! Les reconnaissez-vous ?
On repart, avec une nouvelle mascotte !
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